Dans la collection de Tarkey 
Milo Manara, 1980 - Giuseppe Bergman - Planche originale
1002 

1980 - Giuseppe Bergman

Planche originale
1980
Encre de Chine
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Préface de Manara
Exposition Angoulême 2019
Manara vs Bergman, période (A SUIVRE)
Hergé & Manara (A SUIVRE) - Témoignage de Didier Platteau

Description

Page 4 du chapitre 2 "Faisons le point" parue dans (A SUIVRE) n°28 de Mai 1980

Inscriptions / Signatures

Strips numérotés individuellement S13 à S16, P4

Commentaire

1978: Giuseppe Bergman
Giuseppe Bergman est un aventurier des temps modernes imaginé par Milo Manara pour répondre à une sollicitation de l’éditeur Casterman et participer au lancement du magazine de BD (A SUIVRE) en 1978. Lorsqu’il commence cette série, Manara est encore un auteur en devenir, ce sera sa première BD en tant que scénariste et dessinateur, celle qui lui permettra de se faire un nom dans le monde de la BD franco-belge.

Tutelle de Pratt et influence de Moebius
Suivant les consignes d’Hugo Pratt, qu’il admire et dont il est très proche, Manara va, pour la première foi et de manière définitive, adopter une découpe de ses planches en plusieurs strips réguliers, sur le model des strips quotidiens US. Les planches de Giuseppe Bergman seront donc un assemblage de quatre strips indépendants qui favorise, ou force, une narration linéaire, fût-elle décousue. Côté style, Manara a été fortement impacté par le lancement de Métal Hurlant en 1975 et par l’évolution du style de Jean Giraud vers celui de Moebius. Le dessin de Bergman, initialement très hachuré, va s’en inspiré ouvertement.

1980: « Les Nouvelles Aventures de Giuseppe Bergman »
D’avril à juillet 1980, (A SUIVRE) prépublie la seconde salve des aventures de Giuseppe Bergman titrée « Un auteur en quête de 6 personnages ». Pour la troisième fois Manara a les honneurs de la couverture du magazine, après plus de 100 pages publiées il n’est plus un inconnu et deux ans après avoir commencé sa série, Manara assume ouvertement de voir les jolies filles prendre toute la lumière, au détriment de l’histoire. « … je démarrais toujours en visant une histoire sérieuse, au contenu profond, mais en cours de route tout s’effritait entre mes mains, se diluant entre dessins de jolies filles (pour moi des bienfaitrices de l’humanité), et situations pas tout à fait sérieuses.» Manara, préface d’une réédition de Giuseppe Bergman, Mars 2011
Cet épisode, complété du suivant « Jour de Colère », sera publié dans un album intitulé lui-même « Jour de Colère – Les Aventures Africaines de Giuseppe Bergman » en 1983.

Mai 1980: Loulou
Cette planche est extraite du deuxième chapitre ("Faisons le point"(A SUIVRE) n°28 de Mai 1980) dans lequel l’habilleuse qui remplace in extremis la vedette, se retrouve nue, dans un bar, en proie aux "machos de comptoir". Le héros, Bergman, disparait complètement, caché derrière ses barreaux et laisse la scène à la première vraie star de papier de Manara, Loulou, qui aura malheureusement une fin tragique.
Outre la grâce du trait de Manara, on note ici tout le soin apporté à son travail quand on regarde cette planche de près. Que de temps certainement pour rendre leur volume aux carreaux, tapissant les murs, ou réussir à déformer le motif du chemisier à poids de l’héroïne qui se démène. Manara pousse le souci du détail jusqu’à rendre visible le mécanisme de la chasse d’eau en première case. Ses productions suivantes n’auront pas toutes droit à cette minutie qui, avec le traitement hachuré des surfaces et ombrages, participe à l’ambiance « moebiusienne » de sa production de l’époque.

Bienveillance Hergéenne
C’est aussi à cette époque que Manara va commencer à se heurter à la censure de Casterman, l’éditeur du magazine. La fin de cet épisode, prépublié dans (A SUIVRE) sera, par exemple, complètement censurée lors de la publication en album. Il est amusant de noter que la scène sensuelle, dans laquelle Loulou se donne du plaisir, est remplacée par une scène sinistre où cette même héroïne, jugée débauchée, finit avec la main tranchée et un combiné de téléphone enfoncé dans la gorge… Représenter le bras vengeur et sanguinolent de la morale semblait alors plus correct que de s’essayer à illustrer le plaisir féminin.
Fort heureusement, en coulisse, Hergé, le patriarche des éditions Casterman, veille. Didier Platteau rapportera à Peeters qu’Hergé, appréciant le travail du jeune italien, le défendra en personne quand sa production « heurtera certains responsables de Casterman » (source Hergé fils de Tintin)

A star is born
Dans sa dernière interview, deux ans après la publication de cet épisode, Hergé ira encore un peu plus loin en citant Manara dans la liste des trois jeunes auteurs qu’il "admire le plus", entre Giraud et Franquin. Pour être juste, Hergé semble plus sensible au trait de Manara qu’à son scénario « … si le dessin est magnifique, le récit n’est pas toujours aussi clair.. » (source Peeters, Le Monde D’Hergé p204).
« Dessin magnifique », deux ans après avoir commencé sa série, Manara atteint ici une qualité graphique certainement proche de son apogée. Il est talentueux, travailleur et désinhibé, la décennie qui s’ouvre ici sera celle de ses plus grands succès d’édition

Publication

  • Jour de colère
  • Casterman
  • 01/1983
  • Page intérieure

Voir aussi :   Giuseppe Bergman

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A propos de Milo Manara

Milo Manara est un auteur de bande dessinée italien. Il a commencé sa carrière en tant qu'illustrateur publicitaire avant de se tourner vers la bande dessinée dans les années 70. Il est surtout connu pour ses œuvres érotiques et sensuelles, qui ont été publiées dans de nombreux pays à travers le monde.

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